mardi 2 décembre 2014

Le maire d'Eu ébranle la Scène conventionnée

Le maire d'Eu ébranle la Scène conventionnée
Comment les politiques locaux nous contrôlent

Connaissez-vous Eu ? Petite ville de 8 000 habitants près du Tréport. « Trou normand » en deux lettres pour les cruciverbistes, et pourtant culturellement remarquablement dotée de deux théâtres, dont une scène conventionnée (État- Région-Département) autour des arts baroques, spécificité unique sur le territoire national.
Le projet artistique et culturel du Théâtre du Château – c'est de lui dont il s'agit - a réussi à toucher les habitants (71 % de fréquentation), encourager la création pour faire de ce lieu historique un endroit de rencontre ancré dans une démarche d'infusion culturelle au cœur de la cité.

Mais, tout cela, c'est sans compter sur les dernières élections municipales de 2014, et l'arrivée d'une nouvelle équipe « divers droites » se défendant de faire de la politique.
À sa tête : un industriel liquidateur retraité qui a réuni une équipe novice dans les fonctions et le fonctionnement d'une municipalité et où seule la vision financière fait foi.
Adieu service public, vie associative et culturelle. Finies ces haltes garderies qui coûtent cher.
Quant à la scène conventionnée, la première décision fièrement annoncée en couverture de bulletin municipal a été de lui couper 24,58 % de financement. Pour justifier cela, la rengaine est maintenant connue : une programmation pas assez « populaire », pas assez tournée vers tous les publics. « Comment faites-vous pour faire venir les ploucs du coin au théâtre ? » [sic].

Alors ?

Alors on fait table rase de tout le travail passé, celui en cours et le futur. On commence par virer le directeur en place, nommé par l'équipe précédente plus à gauche, les projets sont en berne, on ignore les partenaires institutionnels – curieusement très silencieux - mais on veut quand même les subventions ! On cherche un nouveau directeur, tout en oubliant de mentionner dans l'annonce qu'il s'agit d'une scène au projet conventionné baroque – un détail.

Eu n'est malheureusement pas la seule dans cette situation. Il est désormais admis que, sous couvert de légitimité électorale, des élus n'aient ni scrupules ni complexes à prendre en main des lieux et des projets, écartant les professionnels encombrants.
Que le média théâtre ait jusque là échappé à cette censure est une bonne et mauvaise nouvelle : cela prouve la reconnaissance de la portée, la dimension et l'importance de cet art ancestral au lien direct entre artiste et public ; mais cela indique aussi la volonté nouvelle de verrouiller et contrôler ce que le peuple doit y voir et entendre, à l'instar de la télévision.

Une scène conventionnée, la seule dans les disciplines théâtre et musique baroques, est en train de disparaître. Peu s'en émeuvent. « Le trou normand » serait-il condamné au retour à une gestion culturelle bourgeoise et bien-pensante des années 50, au détriment des principes de décentralisation, d'accès aux cultures par tous et de service public ?


1 commentaires:

À 20 janvier 2015 à 06:20 , Blogger Unknown a dit...

Pas étonnant pour un maire d'Eu !

 

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